Footballeurs aux Indes

J’ai l’immense plaisir d’interviewer des footballeurs en ce moment. Parfois même ils m’envoient des petits mails ponctués de « lol » -voire de « slt ». Tellement plus agréable que leur agent et/ou attachés de presse.

Ce n’est pas mon premier papier sur le nouveau championnat de football en Inde – j’espère que vous avez tous acheté France Football pour lire la meilleure couverture de l’Indian Super League. Je prends un plaisir délicieux à chaque fois à parler à ces athlètes. Ils n’ont pas tous un profil de meneur de revue, mais ce sont souvent des mecs d’une sincérité déconcertante. Il y en a aussi un ou deux –sans rire– qui ont une certaine poésie.

Je les appelais pour leur poser des questions sur ces trois mois en Inde (du coup je posais des questions complètement débiles du genre : « comment vous l’avez vécu ? »). Quand ils ont un paquet de clubs au compteur, je comprends bien qu’ils s’adaptent rapidement, mais quand je pense que certains débarquaient de toutes petites villes et sont devenus des experts en gastronomie indienne ou en dialecte local (Youness Bengelloun –formé au PSG et qui a certes pas mal voyagé- parle maintenant quelques mots de Konkani, le dialecte de l’état de Goa où il jouait avec Arnolin et Pirès), je trouve ça vraiment marrant et chouette. Je suis très bon public.

Couvrir un championnat de football a été très récréatif. L’Indian Super League avant même de débuter et encore plus après son lancement, a été une source inépuisable d’anecdotes hyper « indiennes ». Par exemple Ranbir Kapoor-co-propriétaire du Mumbai City FC- une star de Bollywood est s’est incrusté plusieurs fois aux entrainement de ses joueurs (dont Freddie Ljungberg, Nicolas Anelka, Johan Letzelter, …). Vous imaginez Nasser el Khelaifi lasser ses crampons sur le terrain d’entrainement du camp des Loges ?

Il faut dire que Ranbir Kapoor est un type audacieux. La preuve :

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Seksi

J’ai regardé un film de Bollywood pour une enquête sur laquelle je bossais il y a peu, et j’ai été très étonnée de voir une scène de danse complètement cabaret et déjantée pas si kitsch –ou disons: « raisonnablement kitsch ».

J’ai surtout été surprise par cette formule choc :

Screen Shot 2014-11-12 at 12.33.16 AM

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Sing, sing, sing

J’ai oublié de vous le raconter mais l’autre jour j’étais sur un plateau de Bollywood* (encore !) et c’était absolument dingue parce qu’ils tournaient une scène de chanson pour un film.

C’était la quintessence du cinéma indien typique en cinq minutes… Pleins de gens qui dansent et qui chantent avec plein de couleurs criardes partout : j’ai trouvé que ça tenait du génie tant ça ressemblait exactement à l’image que je m’en faisais.

Comme j’étais là pour une interview, je me suis faite toute petite et je n’ai pas osé prendre de photos (il y avait une équipe de tournage indienne autour de moi, c’est-à-dire vraiment beaucoup de monde, et la discrétion aurait été très difficile à assurer).

 

(*) Bon en fait je dis ça histoire de placer le mot Bollywood, mais en vrai c’est comme dire « un plateau de Hollywood » quand on y vit à Los Angeles, c’est un peu débile…

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Tagadatsouintsouin

Hier c’était le 14 juillet, et la réception n’était pas tout à fait en mode Ferrero. Je vais la faire courte car je déteste le French-bashing, mais le discours du Consul –que, sans mentir, j’ai eu du mal à entendre : toute la salle bavardant à qui mieux mieux, ne m’a pas vraiment touchée.

Il parle d’une France façon « carte postale » que je ne connais pas. Ok, je vous l’accorde, ce n’était pas le moment de parler de Dieudonné, mais enfin… J’ai eu le sentiment qu’il s’adressait surtout au haut du panier des expatriés présents…

Ce n’est pas bien grave. Il est très sympathique quand même. Ce qui est amusant en revanche c’est qu’ils ont diffusé la bande annonce de ce film -totalement improbable:

NB: ensuite, le jeu consistait à récupérer du vrai champagne avant que les serveurs passent au Chandon (sorte de mousseux local), mais j’ai complètement raté mon coup.

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Super Indian Hero

Hier j’ai rencontré un mec qui fait du roman graphique en Inde. Il était chouette et c’est toujours plaisant à des milliers de kilomètres de chez soi d’entendre un mec parler de Tintin. COCORICO.

Il organisait un atelier autour du super héros. On dit que les super héros reflètent ce qui nous fait le plus peur… Quand on leur a demandé d’inventer un super héros, les gens dans la salle ont pensé à un mec qui pourrait contourner le trafic, un type qui pourrait faire arriver les gens à l’heure, un autre qui jouerait bien dans les films de Bollywood et aiderait les autres acteurs à devenir bons, et enfin un super héros qui connaitrait tous les dialectes indiens… Je me demande ce que cet atelier donnerait réalisé à Paris !

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(B)Hollywood

J’ai regardé Singing In The Rain avec une bande d’Indiens sur le toit d’un copain qui habite près de l’aéroport, malgré les avions qui nous frolaient presque, c’était exquis.

Le style Bollywood n’est pas si exotique une fois qu’on s’est replongé dans l’esthétique « n’importe quoi » de comédie musicale comme celle-là : gags à gogo, couleurs criardes, coups d’esbroufe avec force figurants etc

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Barbara Cartland en Inde

Je me suis lancée dans la traduction en français d’un film indépendant indien. C’est trop marrant.

C’est une histoire d’amour et les dialogues sont à mi-chemin entre Gossip Girl et de la poésie traditionnelle indienne (celle de Tagore – cf son joli minois ci-dessous). Les parties lyriques sont assez coriaces à traduire, et notamment les mots-concepts qui sont veulent dire « feuille d’arbre racornie qui fait comme un bateau et qui vogue sur l’eau ». Bref : je m’éclate, et je me frotte à l’Inde des poètes ce qui est bien rigolo.

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Fulgurance

Ce soir j’ai rencontré un mec. Il s’appelle Jeff Goldberg, ce qui fait un peu « Thomas Dupont », mais malgré ce malheureux détail il est super brillant.

Il faisait une conférence sur les connexions entre la Nouvelle Vague et Bollywood.

Pour lui le cinéma indépendant indien d’aujourd’hui est un écho de la Nouvelle Vague en France. La Nouvelle Vague a émergé au moment où le cinéma était en compétition avec la télévision. En Inde, la démocratisation de l’accès à internet est –d’après lui- l’élément déclencheur d’un cinéma moins commercial, purement générationnel, et qui n’a pas froid aux yeux.

Il a aussi dit que Bollywood ressemblait au cinéma-de-papa que la Nouvelle Vague a voulu contrer dans la mesure où ces cinémas représentent les choses « de la manière dont on aimerait qu’elles soient ».

Enfin, il dit que la Nouvelle Vague a été lancée par des « cinema nerds » (voire les Cahiers du cinéma, Jean-Luc Godard etc), comme l’est aussi le cinéma « indé » en Inde aujourd’hui.

pierrot-le-fou

J’ai aussi adoré la tête des Indiens dans la salle face aux extraits de Pierrot le fou.

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Welcome to Bollywood #2

Pour revenir sur Bollywood…

D’abord il y a quelque chose de très rigolo dans les studios de cinéma, c’est le côté carton-pâte des décors qui se dressent autour de toi. Par exemple hier j’avais le choix entre une ambiance hacienda de Zorro, la reconstitution d’un tribunal, et le plateau de India’s Got Talent.

A ce propos j’ai vécu une expérience assez troublante : tout au long de la journée, j’entendais des cris hystériques de public en transe –façon Romains assistant à des sacrifices de chrétiens. En fait les producteurs d’India’s Got Talent enregistrent plusieurs centaines de « séquences public » qu’ils incorporent ensuite dans les épisodes –qui sont donc, eux, tournés sans public. L’audience est composée de jeunes hommes qui seraient payés une centaine de roupies la journée pour leur prestation. J’imagine l’horreur pour les types qui doivent tourner ses séquences ultra répétitives et frénétiques…

Sinon, dans la catégorie « choses vues », pas grand chose de renversant : les vedettes ont des assistants qu’elles traitent mal et se font suivre par de pauvres bougres qui tiennent des ombrelles au dessus de leur auguste tête, des grappes de badauds se promènent entre les tournages pour se faire repérer à l’aide de looks audacieux, et pour des raisons qui m’échappent (un syndicat surpuissant ?) un homme est responsable de chaque cable, de chaque morceau de gaffeur, de chaque ampoule de rechange pour les projecteurs ce qui fait encore plus de monde sur le plateau.

C’est tout pour aujourd’hui. A vous les studios.

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