Boo et le bidonville

J’ai fini de lire le livre de Katherine Boo. Et j’ai lu un article assez amusant sur elle dans la chouette rubrique « déjeuner avec » du Financial Times.

Donc cette Américaine originaire de Washington et mariée à un Indien a une maladie rare qui l’affaiblit énormément. Elle a choisi de travailler sur des questions liées à la pauvreté. Pourquoi faire simple. L’un de ses livres, celui que j’ai lu, s’appelle « Behind the Beautiful Forevers », et raconte la vie de plusieurs habitants d’un bidonville de Bombay, Annawadi. Il est le produit de quatre ans d’enquête assez balèze. Elle a remporté un paquet de prix, dont le National Book Award en 2012 dans la catégorie non-fiction. Cerise sur le gâteau, son bouquin est adapté au théâtre en Angleterre – où Boo vit aujourd’hui. Le papier explique que la pièce de théâtre va ensuite retransmise en direct dans plus de 550 cinémas au mois de mars.

Sur la pièce, elle dit quelques trucs assez intéressants :

“Je me sens si connectée aux enfants qui sont représentés” admet-elle (LOL ndlr).

“Ce qui se passe ici arrive à des centaines de millions de personnes de cette époque instable de mondialisation, il est surprenant de voir leur histoire mise en scène. Je ne contrôle pas la pièce, mais le sentiment de totale instabilité, l’intensité de l’amitié, l’énergie de la vie, pas seulement pour survivre, mais pour trouver quelque chose de mieux. Tout est là.” (elle a l’air d’être très douée en promo ndlr)

“La plupart des personnes sur lesquelles j’écris sont analphabètes, alors qu’est-ce qu’un livre pour eux ? Mais une pièce, ils la comprendront”

Le bouquin est vraiment chouette et il représente surtout un travail documentaire dingue. Elle explique qu’elle a dû sourcer un tas de papiers officiels pour mieux comprendre ce qui se tramait dans le bidonville aussi bien concernant la gestion et la vente des déchets, que le rôle de la police ou la manière dont la corruption fonctionne (sur ce dernier point, le livre est réellement admirable).

Elle a fait le même boulot aux Etats-Unis et a même réussi à choper le Prix Pulitzer « catégorie Affaires publiques en 2000 pour une série de récits dans le Washington Post sur les abus et la négligence dans les foyers pour personnes atteintes de troubles de l’apprentissage » précise le FT.

«  En 2002, elle obtint une bourse MacArthur, un prix pour le journalisme qui fait avancer la cause de la justice sociale, le prix Hillman pour un article du New Yorker “After Welfare”. Puis le National Magazine Award pour les éditoriaux en 2004, pour un article du New Yorker “The Marriage Cure”, sur un programme dans des logements sociaux à Oklahoma visant à atténuer le désavantage social par la promotion du mariage.

Comme tout le travail de Katherine Boo, “The Mariage Cure” est un récit captivant, nous plongeant dans la vie des gens sans aucune condescendance ou mièvrerie. C’est cet article, dit-elle, qui a poussé son mari à observer que personne n’écrivait sur la pauvreté en Inde de la manière dont elle abordait le sujet aux États-Unis. »

Evidemment, je trouve ce travail journalistique passionnant –comme un paquet d’autres gens on dirait. Ce moment du papier du journal économique résume à mon sens pourquoi cette nana est une sacrée bête de l’enquête:

Pour quelqu’un dont les méthodes de travail sont toujours “d’être invisible” dit-elle, ses cheveux blonds mousseux et sa peau de porcelaine doivent donner l’impression qu’elle vient d’une autre planète.

Comment les Annawadiens l’acceptent-elle ? “Eh bien, chacun devait s’occuper de sa vie et mon pouvoir de divertissement sur eux a disparu au bout de quelques mois. Je n’étais plus intéressante. Pendant une longue période, je n’avais pas de traducteur, il n’y avait donc que moi et eux, et nous avons dû trouver des moyens de communiquer.”

“Une partie de ce que vous avez à faire dans une situation comme celle-ci est de dire : ‘Regardez, je fais cet étrange travail, je veux comprendre votre vie et les choix que vous avez à faire.’ Et ils comprennent cela très bien.”

“Mais beaucoup de gens dont je parle ne sont pas habitués à raconter leur vie, de sorte qu’il était parfois préférable de tout simplement regarder, regarder Abdul retourner les poupées Barbie pour que les seins soient cachés en dessous, sur une pile de déchets, par exemple. Mieux vaut regarder ce qu’ils faisaient et puis leur demander pourquoi.”

Quand je fais des interviews en Inde je suis souvent surprise par les réponses des gens. Parfois je me dis que j’ai peut-être mal formulé ma question, ou que son sens s’est perdu en route. Mais je réalise aussi que des individus abrutis par le travail et la survie, et qui ont relativement peu d’outils conceptuels n’ont pas forcément une « opinion » sur mon sujet. Le sujet peut faire partie de leur vie de manière fondamentale. Ca ne veut pas dire qu’ils ont nécessairement un avis sur la question. C’est tout de même suffisamment déroutant pour un esprit académique et privilégié pour être mentionné. Mais est-ce spécifiquement indien ? J’en doute.

Paradoxalement il y a une unité dans la pauvreté que le travail de Katherine Boo met en lumière. Elle raconte par exemple qu’une des femmes des logements sociaux d’Oklahoma a lu le livre sur le bidonville indien et lui a dit qu’elle y reconnaissait sa propre expérience.

“Cela a été une chose extraordinaire. Plusieurs de mes personnages me posent des questions sur Abdoul et les autres comme s’ils les connaissaient ; il y a vraiment un sentiment d’identification chez les personnes à faibles revenus à travers les cultures et les frontières”.

J’entends bien l’argument. Dans l’épilogue de « Behind the Beautiful Forevers » Boo explique que la pauvreté stigmatise de la même manière à travers le monde, et qu’elle pose les mêmes questions d’opportunité et de dignité individuelle aux Etats-Unis ou en Inde. Je viens moi-même de dire qu’être abruti par le travail et l’illettrisme n’est pas spécifiquement indien. Pourtant la comparaison entre l’Inde et le reste de l’univers est à manier avec de sacrées grosses pincettes à déchets nucléaires.

S’il y a des dynamiques communes, les échelles, le contexte, le bagage culturel/religieux/politique de l’Inde semble en faire un cas très particulier.

Que la meuf d’Oklahoma retrouve son vécu dans l’histoire d’habitants d’Annawadi est intéressant, mais l’inverse est-il possible ?

Katherine Boo parle de « l’internalisation du mépris » par exemple. S’il est certain qu’on peut retrouver le même phénomène dans plusieurs endroits du globe je crois que les causes varient énormément (castes, représentations sociales –entre autres- de la réussite, consumérisme, politiques locales et nationales, rapport au corps,…).

Mais au delà de ces interrogations je reste profondément admirative de son boulot. Le livre est un chef d’œuvre de précision et d’empathie tout à fait bien placée. J’ai aimé que dans le papier du Financial Times elle en parle de cette manière :

“Je suis meilleure quand j’ai un but. Bien que, si j’avais su lorsque j’ai commencé que ce serait si long, et si angoissant à faire, je ne suis pas sûre que je l’aurais fait. C’était difficile !”

Rassurant.

* Pour lire le papier du Financial Times, c’est ici: http://petitlien.fr/7ovx

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Ladies & Gentlemen…

… let me introduce you to Mumbai!

J’ai réalisé que je ne poste presque que des photos un peu débiles de Bombay, ce qui ne lui rend pas tout à fait hommage. Même si la ville n’est pas la plus touriste-friendly en Inde (le sightseeing se fait en une journée), c’est une très belle ville. On parle de bidonvilles, d’enfants des rues, et de viols. Mais on peut aussi parler d’architecture Art Déco, de palmiers, et de street culture vibrante.

C’est ma version préférée, mais il y a aussi celle-ci qui est choeutte:

Et enfin, celle-là qui n’est pas mal non plus (même si la qualité est un peu moche):

 

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Indiana Jones

Aujourd’hui, nous tenterons de répondre à une question que tout le monde se pose : la mousson va-t-elle enfin commencer qu’on arrête de suer comme un bœuf ? faut-il se comporter comme un colon ?

Je m’explique : on finit souvent, excédé, par crier plus fort que le vendeur de légumes/le chauffeur de rickshaw/le gardien qui a perdu un courrier. Et après on s’en veut. En tous cas, moi je m’en veux toujours d’avoir été outrée parce qu’un pauvre bougre a voulu m’extorquer 5 roupies, ou a trop trainé à faire son boulot. Et parfois, quand j’en parle à des expatriés ici depuis plus longtemps, le discours est souvent le même : « mais attends, c’est inévitable ici, si tu ne t’énerves pas, tu n’obtiens rien ! » Ensuite vient un autre argument : c’est ainsi que font les Indiens entre eux : ils se crient dessus, ils se bousculent, ils s’insultent. C’est vrai.

Sauf que moi, pour ceux du fond qui ne suivent pas, je ne suis pas indienne. Du coup quand je vocifère, je suis toujours une blanche qui vomit son courroux en anglais sur un Indien qui ne comprend pas toujours ce que je dis.

Nous avons une « maid ». C’était presque obligatoire. Tout le monde en a une. Il y a même des maids qui ont des maids. La nôtre est payée environ 4 fois plus cher que ses homologues. C’est ainsi. Notre coloc l’adore, et pense que c’est bon pour son karma ou je ne sais quoi. Déjà, on entre peu à peu dans la mentalité de colon. Difficile de s’empêcher qu’elle devrait nous être d’une reconnaissance éternelle étant donné qu’on permet à toute sa famille éloignée de vivre sur sa paie.

Mais bon… moi aussi je l’aime bien. El Moustacho aussi l’aime bien. Elle rigole tout le temps, nous montre des dessins de Krishna avec ferveur, et elle sait presque faire du pain perdu. Le problème c’est qu’elle travaille deux heures grand maximum chaque matin, alors qu’on est parti sur 4 heures, et que l’appartement est suffisamment grand pour trouver à s’occuper. Elle n’aime pas faire le ménage, donc elle le fait sans trop d’attention. Elle cuisine quand on lui dit qu’on ne sera pas là de la journée. Bref : elle n’en fait qu’à sa tête.

Quand elle vient pour une heure et demi, et part le travail à moitié fait avec un grand sourire, que faire ?

Lui expliquer que ça ne marche pas pour nous ?

  • Premier problème : Elle ne parle pas assez bien anglais, et moi pas assez hindi pour qu’on se comprenne bien. Lui expliquer dans des termes compréhensibles pour elle donne toujours l’air d’être un fasciste : « you have to work » au lieu de « I’m sorry but I think that there are a few more things to do… If you don’t mind, I’d like you to clean this and to wash that… »
  • Deuxième problème : En France si j’avais une femme de ménage qui avait le même comportement, et je ne pense pas que ce soit si courant, je ne lui dirais jamais : « écoutez je vous paie tant pour faire ça, vous devez le faire ». Ici, je serais davantage tentée de le faire, mais je me retiens. Je sais qu’elle me répondra qu’elle le fera demain, ou plus probable encore : qu’elle sourira sans comprendre.

La menacer de la virer ?

  • Dans le fond, en perdant ce job, elle serait sûrement triste et déçue parce qu’elle nous aime bien – et parce qu’elle y perdrait sa cagnotte. Mais elle trouverait du travail en un tour de main. Donc la mesure n’est pas tout à fait coercitive.

 

Dans les restaurants ou les bars, de tous standings, le souci devient les serveurs. Même manque de rigueur et de professionnalisme. Ils n’apportent jamais qu’un menu sur la table. Même si on est trois autour, prennent un temps inouï à venir prendre une commande, ne répondent jamais aux questions qu’on leur pose (bien souvent ne les comprennent pas), ne retiennent jamais les commandes, quand ils les apportent c’est rarement en même temps, et si on a eu le malheur de demander une modification, on peut être certain qu’ils l’auront oublié.

A partir de ce constat, que faire ?

S’énerver ?

  • C’est ce que font les clients indiens. Mais bon, quand c’est nous, on a tout de suite l’air de gros cons méchants.

Ne rien dire ?

  • Et avoir l’impression de se faire à moitié rouler ?

 

En fait, c’est là dont vient toute la problématique du comportement du colon.

La qualité des services en Inde, disons le, n’est pas au niveau de ce que nous pourrions attendre avec notre bagage européen. -> Du coup, il faut baisser ses attentes, après tout n’est-on pas ici pour s’adapter ? -> Une fois qu’on a un peu baissé ses exigences, il faut réussir à savoir à quel point le mec en face de vous est juste un brin désinvolte, ou qu’il fait son travail, même pas si bien, donc qu’il se fout un peu de vous, ou enfin : il vous regarde comme une poule blanche aux œufs d’or et tente de vous soutirer un service, des roupies, …. -> Dans le premier cas, c’est comme ça, on ne peut pas attendre d’un mec non formé et qui peut trouver du boulot à tous les coins de rue d’être un peu border. -> Dans le second cas, puisque les clients indiens le font, on peut élever la voix. Le type fait vraiment mal son taf, vous êtes clients, basta. -> Dans le troisième cas, réunir tout ce qu’on sait d’hindi, expliquer qu’on n’est pas un touriste, et se casser si possible. (*)

Toute la subtilité est donc de comprendre dans quel cas, exactement, vous vous trouvez. Sachant que plein d’éléments peuvent être trompeur : un sourire, un mot qu’on ne saisit pas ou qui est mal employé…

Bref… je suis rassurée depuis que je me suis rendue compte qu’être un véritable colon c’est dire des trucs du genre : « ils-sont-pauvres-mais-ils-sont-beaux-ils-peuvent-tant-nous-apporter ».

 

 

(*) Je précise que si la personne qui vous agace est un ou une esthéticienne vous êtes tout à fait en droit, quel que soit la situation de hurler comme un veau qu’on égorge jusqu’à ce qu’elle arrête de faire n’importe quoi avec l’intégrité physique de votre corps. Waxing is not a joke.

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Sainte Charlotte

Hier Charlotte Valandrey, qui accompagne VT dans ce voyage Lady-Di-like sans trop briller, m’a faite réfléchir. Dans les bidonvilles, je la voyais se séparer de la cohue très Jacques-Chirac-dans-les-faubourgs-de-Jerusalem, et faire copain-copain avec les enfants des rues.
Elle est émue aux larmes de la frugalité de leur existence. Elle prend des photos d’eux, ils sourient quand elle les leur montre. Elle rend simple l’interaction entre elle et ces gangs de guerre des boutons surexcités par la meute de garde du corps et de photographes.
Pourtant 10 minutes avant que je m’aperçoive de son manège de madone, quand une trentaine de garcons se sont massés autour de moi en hurlant en marathi (ou peut être autre chose), agrippant tout ce qu’ils pouvaient de mon sac à mon cou, je me suis dit que j’étais bien démunie face à cette situation légèrement oppressante et illisible. Je ne saurais pas dire ce qui s’est passé: exotisme du blanc? Émulation de cet événement hors du quotidien? Poussées hormonales? Un jeu entre eux? Chahut absurde? En tous cas, je ne comprenais rien et du coup, je n’avais aucun contrôle sur la situation.
Un point pour Charlotte, donc.

En parlant d’émotions, ces jours VT s’est un peu déshumanisée pour moi (et a priori pour tous les autres journalistes sur place). Je ne voyais chez elle pas une proie, mais plus un message crypté à décoder presque à tous prix.
Ensuite, peu à peu, mais surtout à cause de ses offs, et je me suis bien rendue compte qu’elle était juste une meuf qui s’est faite larguer et subit la vendetta -assez incompréhensible- de paquets de twittos.

Et puis un truc ironique, dans le couloir qui mène du grand hall du Taj (le palace de Bombay) aux chambres de l’hôtel, dans la vitrine de prestige de l’établissement, on peut voir cette photo:

CRouveyrolles

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La guerre des mondes

Aujourd’hui je suis allée visiter un bidonville. Je pensais ne jamais dire ça. Je trouvais qu’il y avait quelque chose de profondément malsain et déplacé dans la démarche. Mais finalement, il faut croire que je suis très facile à convaincre puisqu’un seul témoignage de client satisfait, et j’appelais Reality Tour.

Reality Gives est une ONG implantée à Mumbai et qui organise tout un tas de choses pour améliorer les conditions de vie des Indiens. Une partie de leur activité, sous le nom Reality Tour, consiste à organiser des visites de Dharavi, un des plus grands bidonvilles indiens. Même si ça leur permet de faire leur pub au passage puisqu’on visite l’école Reality Gives, la clinique Reality Gives, et qu’on te parle –cerise sur le gâteau- du club poussin de football féminin de Reality Gives… Eh bien, malgré ça, je trouve le concept assez efficace.

L’immense avantage et la raison pour laquelle il faut le faire c’est que jamais vous n’aurez l’occasion de poser autant de question à quelqu’un qui est sur le terrain et qui sait exactement tout sur chaque recoin du bidonville.

Se promener dans un bidonville est possible –je dis pas. Maintenant se promener sereinement, sans se demander si vous êtes en train de faire un truc complètement répréhensible, ou si vous dérangez les gens, je ne sais pas si c’est vraiment possible sans cette structure. C’est moins pour donner bonne conscience aux touristes, que pour, plus simplement, créer un espace pour que la rencontre du touriste éclairé et des habitants de Dharavi puissent se faire.

Il y a une tension entre le fait qu’ignorer les bidonvilles empêche de pouvoir appréhender vraiment la réalité indienne, et que s’y rendre semble déplacé.

Mais l’est-ce vraiment ? Aujourd’hui par exemple, j’étais dans les boyaux plein de suie qui quadrillent les bidonvilles, il était assez tôt, et les hommes se lavaient, dans la rue. Moi, je suis en train de violer leur intimité. Eux, même s’ils sont –peut-être- surpris de voir un ou plusieurs Occidentaux dans leur rue, ne perçoivent pas leur activité comme quelque chose d’intime : ils se lavent tous les matins devant leurs voisins, les gens qui passent par là, leur collègues etc. Ma présence n’est pas choquante, elle est tout au plus surprenante. CQFD

Les zones de confort, l’espace privé, l’individualité sont autant de choses qui semblent universelles, mais dont on doit mesurer le travail –culturel- de polissage selon l’endroit où l’on se trouve.

Finalement lorsqu’on parle de choc culturel, on parle de ce genre de confrontations.

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Google city ?

Hyderabad est une ville immense. Chaque déplacement prend un temps fou. Les chiffres que vous pouvez retenir pour briller en soirée : l’agglomération compte plus de 10 millions d’habitants, et il y a 140 lacs. Les lacs, l’arc de triomphe local, et la Silicon Valley indienne sont les trois choses pour lesquelles cette ville –assez moche- est connue.

CRouveyrolles_Golconda Fort

On voit les lacs depuis un ancien fort, auquel on accède via un bidonville. Sur les murs des pubs pour des écoles vantant leur « 100% de réussite à tous types d’examens » sont peints avec application. Le fort se visite moyennant une centaine de roupies par tête étrangère, et cinq roupies pour les Indiens comme l’immense majorité des monuments nationaux. Une fois dans l’enceinte de ces ruines immenses, des tas d’Indiens veulent te prendre en photo, on ne sait pas trop pourquoi.

A ce propos, en quittant Bombay (par bus –une épopée), on a croisé les milliers de personnes qui sortaient du méga-meeting de Narendra Modi. Le BJP avait réservé plus de quarante trains pour que les militants puissent venir de partout, et il y avait en tout plus de 600 000 personnes. En un quatre mots comme en cent : c’était le gros bordel.

Tout ça pour dire qu’à cette occasion, le moustachu et moi nous sommes retrouvés au milieu d’une foule surexcitée par le charismatique leader populiste qui a adoré nous prendre en photo sous toutes les coutures, si possible en photobombant leurs marmots dans le cadre.

Je vois ça comme le début de ma starification, aussi pour imposer ma signature, je vais commencer à faire des duckfaces à chaque fois qu’on me prend en photo –ce qui n’est pas facile car souvent les Indiens te prennent en photo en mode discret paparazzi.

Pour en revenir à Hyderabad, à part les lacs, il y a une sorte de mini arc de triomphe très charmant. C’est amusant parce que visiblement personne ne sait à quoi servait ce monument du XVIème siècle qui porte le joli prénom de Charminar. Autour c’est la « vieille ville » : un mélange de bazar, beaucoup de poubelles et des maisons anciennes très sales dont on devine -avec beaucoup d’imagination- l’élégance désuète.

CRouveyrolles_Charminar1

 

CRouveyrolles_Charminar2

C’est l’opposé du reste de l’agglomération qui se veut « en pointe ». Tout le monde est fier de raconter que Google a posé ses valises ici et que les malls sont de « dernière génération » (sic). Les gens conduisent dans de grosses voitures, les femmes dans lesdits malls ont l’air un peu désespérées, et on voit souvent des magasins d’équipements sportifs.

Cette partie de la société indienne, les ingénieurs formés aux Etats-Unis –ou aspirant à y aller- est l’objet d’un stéréotype largement partagé dans le monde, et qu’ Hyderabad ne dément absolument pas. Ils sont là, après le travail, avec des casquettes de baseball, en famille ou seul devant le MacDonald’s du « City Center Mall » (quelle imagination pour baptiser ces temples modernes !).

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