Dans le petit jardin d’un hôtel cossu se tenait la scène typique du mariage indien: des couleurs vives partout, des gens en tenues de lumière, des enfants grassouillets qui courent dans tous les sens, et sous des dais orange et jaune, assises sur de simples banquettes claires, des femmes apprêtées tendant les bras pour les faire orner d’arabesques de henné par des adolescentes mutiques et à l’air docile.
La mariée porte une combinaison jaune à godets oranges le long des jambe, la taille marquée par de petits miroirs cousus. Elle a un sac de luxe et d’immenses lunettes de soleil. Elle affiche le sourire subtilement crispé des hôtesses qui savent qu’elles jouent beaucoup de leur prestige social en un seul événement.
Nos deux héros se plient maladroitement aux salutations-remerciements de rigueur et refusent, dans un premier temps, de boire une bière avant le coucher du soleil. Les langues et les nœud de cravate se délient un peu après quelques verres, et l’observant chez les autres, ils se décident.
Plus tard, on enfilera d’autres parures, d’autres costumes -encore plus volumineux et formels que les précédents- pour se rendre à la réception. Les plus vieux trouveront la musique bien trop bruyantes. Les hommes feront des concours pour déterminer celui qui peut manger le plus de homard sauce au beurre. Les femmes se prendront parfois les pieds dans leur robe. Alors que les Françaises afficheront des robes de plages améliorées, les Indiennes arboreront des tenues dignes de Farah Diba. Nos deux héros, qui aiment les homards et le gin bien tassés, rentrent à pieds dans leurs pénates bavardant comme des demeurés, émerveillés par le clair de lune de Goa, leurs amis fantastiques, et quelques cochons sauvages qui passaient par là.