Un mariage indien – épisode 1

Dans le petit jardin d’un hôtel cossu se tenait la scène typique du mariage indien: des couleurs vives partout, des gens en tenues de lumière, des enfants grassouillets qui courent dans tous les sens, et sous des dais orange et jaune, assises sur de simples banquettes claires, des femmes apprêtées tendant les bras pour les faire orner d’arabesques de henné par des adolescentes mutiques et à l’air docile.

La mariée porte une combinaison jaune à godets oranges le long des jambe, la taille marquée par de petits miroirs cousus. Elle a un sac de luxe et d’immenses lunettes de soleil. Elle affiche le sourire subtilement crispé des hôtesses qui savent qu’elles jouent beaucoup de leur prestige social en un seul événement.

Nos deux héros se plient maladroitement aux salutations-remerciements de rigueur et refusent, dans un premier temps, de boire une bière avant le coucher du soleil. Les langues et les nœud de cravate se délient un peu après quelques verres, et l’observant chez les autres, ils se décident.

Plus tard, on enfilera d’autres parures, d’autres costumes -encore plus volumineux et formels que les précédents- pour se rendre à la réception. Les plus vieux trouveront la musique bien trop bruyantes. Les hommes feront des concours pour déterminer celui qui peut manger le plus de homard sauce au beurre. Les femmes se prendront parfois les pieds dans leur robe. Alors que les Françaises afficheront des robes de plages améliorées, les Indiennes arboreront des tenues dignes de Farah Diba. Nos deux héros, qui aiment les homards et le gin bien tassés, rentrent à pieds dans leurs pénates bavardant comme des demeurés, émerveillés par le clair de lune de Goa, leurs amis fantastiques, et quelques cochons sauvages qui passaient par là.

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Glamour girl

Avec tout ça, je n’ai pas non plus eu le temps de vous raconter ma folle soirée de la semaine dernière… Incrustée par des amis bien intentionnés, j’ai pu me rendre à une soirée organisée par ELLE India et la marque Bungalow 8 (je croise parfois un des stylistes, un Français aux looks déments).

Déjà la côte glamour de ce blog remonte…
Si j’ajoute que cette soirée avait lieu en l’honneur de SCOTT SCHUMAN aka the Sartorialist, on atteint des sommets jamais même envisagés dans l’histoire de mes blogs.

C’était mieux qu’un truc de Fashion Week new-yorkaise parce que c’était à Bombay. Etant donnée l’œuvre de l’invité de prestige, le street style des pépettes de la ville s’affichait partout sur le rooftop du Four Seasons.

http://elle.in/red-carpet/parties/elle-hosts-the-sartorialist/

Source: Elle.in // Avec le fameux styliste français

Scott Schuman, lui-même, portait une tenue de propriétaire de yacht dédramatisé par une paire de Converse immaculée (et là je me dis que cet homme est un magicien ou qu’il n’a pas mis les pieds dans la rue -ironique pour le spécialiste du street style). Je ne suis pas certaine de valider ces cheveux longs de vieux beau, je crois que je préférais son crane rasé façon « je-suis-photographe-de-mode-mais-dans-une-autre-vie-j’ai-couvert-la-guerre-des-Balkans ».

Evidemment, c’est aujourd’hui que ça m’arrive. A un moment où je ne suis plus si fan de Garance Doré… Mais c’était suffisamment improbable pour être raconté ici.

Un blog indien raconte avec force détails l’échange entre Scott Schuman et les wannabe stars de la sphère fashion nationale, c’est assez intéressant à lire.

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Munchies

J’ai trouvé un hot spot de Bombay. Une boulangerie ouverte dès 3h45. Ce matin Cette nuit j’ai arrêté mon rickshaw devant et j’ai cru être transportée dans Paris Dernière : de jolies poupées en mini robe lamé argent et chaussures de Lady Gaga (oui, la police de la mode n’a pas de night shift on dirait), et des petits mecs bien proprets mangeaient des rouleaux de poulet frits et des gros donut au chocolat. C’était ambiance fin de partie à Bombay.

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The Expat Observer

L’autre soir j’étais à une petite soirée de départ d’un couple américain –des vrais américains de Nashville. Les gens étaient un peu plus âgé que moi, et l’appartement dans lequel la fête avait lieu était bien plus meublé que le mien.

En fait, en dehors du statut d’expatrié, je ne sais pas si je partageais beaucoup avec les gens présents.

C’est peut-être comme les cheminots ou les intermittents. On croit en avoir une représentation mais c’est en fait bien plus hétérogène.

Comment savoir à qui vous avez affaire?

Il y a plusieurs indices assez visibles:

1/ Les meubles :

Généralement, sans le soutien d’une entreprise, sans être donc « détaché » de son pays par une entreprise, les gens ne transportent par leurs meubles avec eux à chaque installation à l’étranger. Par ailleurs, quand on ne sait pas pour combien de temps on s’installe, on est toujours un peu réticent à acheter un buffet normand (ou indien, c’est selon). Du coup, on se retrouve dans des décors désolés et/ou minimalistes. Chez moi, les 120 mètres carrés sont presque vides. Quand je vois des appartements pleins de livres, de photos, ou même de disques, je trouve ça incroyable et merveilleux.

2/ Le réfrigérateur :

En Inde, comme partout ailleurs, les produits importés sont plus chers que les produits locaux. Or bien souvent les produits locaux indiens n’ont rien de comparables avec les produits locaux canadiens, italiens, français, you name it…

Certains pays, aux Etats-Unis par exemple, vous trouverez des produits locaux similaires à ceux de votre quotidien européens dans le commerce. Parfois la ressemblance est surfaite, et le produit n’a rien de comparable avec l’original. Mais enfin on s’égare.

Tout ça pour dire qu’en Inde, si vous dans votre réfrigérateur le moindre truc qui peut ressembler à ce que vous auriez eu dans votre réfrigérateur « back home », c’est que vous pouvez vous permettre de faire quelques frais puisqu’il y a de fortes chances pour que ces produits viennent justement de votre mère patrie à Bombay. Ici, on ne les fabrique pas. Donc ils coutent le prix qu’ils couteraient chez vous + le transport. Faites le calcul.

Il y a quelques exceptions : la mozzarella de Delhi, le « champagne » de la vallée de Nashik, les M&Ms,…

Mais je peux vous dire que lorsqu’un soir de pendaison de crémaillère j’ai vu de la coppa dans un réfrigérateur, j’ai compris que j’étais potentiellement chez un millionnaire (en roupies).

3/ Le pouvoir d’achat :

Si comme moi vous avez croisé un type qui vous a dit « attends mais le top quand t’es Inde, c’est de te faire des weekends au Kenya, c’est tellement pratique », si comme une autre connaissance à moi vous avez entendu une jeune femme dire : « je me fais souvent des petites virées shopping à Dubai, c’est tellement la porte à côté », vous avez donc fait l’expérience d’une conversation qui révèle quelques différences entre le mode de vie de votre interlocuteur et le vôtre. Personellement, un weekend de luxe inclue un brunch sur le bord de mer et un trajet en taxi au lieu du train ou du rickshaw. #SimpleJoys

4/ Le costard :

A chacun son ramage, à chacun son plumage. L’expat qui travaille en ONG/entreprise sociale porte souvent un tee-shirt No Nasties (une marque fair trade de Bombay). L’expat haut de gamme arrive en soirée en costard (et là, compassion, car il fait encore trente degrés à 22h). L’expat el Moustacho a perdu 10 kilos suite au régime indien et nage donc dans ses fringues. Etc…

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United states of Football

Hier soir il y avait un match super important. J’adorerais que ce post soit mon coming-out de fille qui aime le football, mais en fait non. En revanche, j’ai un respect assez important que pour la discipline et son univers : je trouve que s’intéresser, vraiment, au foot, c’est un peu comme lire le Monde Diplomatique. Pour schématiser : c’est compliqué, il y a des stratégies, et énormément de données à prendre en compte. Je trouve ça très positif que les gens soient attirés par des concepts compliqués.

Ceci étant dit, j’ai l’impression que tout le monde ne s’en préoccupe pas de manière aussi élaborée, mais là encore, je n’y connais rien.

Ce dont je suis bien certaine, c’est qu’entre un taxi qui écoute les Grosses Têtes et un autre qui écoute des mecs refaire un match à la radio, je préfère de loin monter dans le deuxième.

Si je vous dis tout ça c’est parce qu’hier j’ai été surprise de voir des télés allumées sur le match dans deux petites sauteries auxquelles je me suis rendue. Pourtant le public était très différent. Dans la première : une jeunesse dorée indienne qui fait des jeux à boire et rigole avec insouciance. Dans la deuxième : des plus que trentenaires occidentaux qui jouent au beer-pong et chancèlent avec insouciance. Peut-être pas si différent en fait, mais enfin.

L’intérêt pour le match était unanime. C’est magique. Je me sentais un peu comme le jour où Jacques Chirac a compris internet.

Ca laisse sans voix. Je crois que je devrais commencer à m’y intéresser.

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Gatsby

Hier soir j’ai été à une fête snob, choc et choc. C’était délicieux de voir des gens sur leur 32 –j’ai quand même repéré un haut peplum en satin rose poudré, et je lui ai adressé un « halte-là toi qui bafoue le sens commun » mental.

Il y avait des cocktails super compliqués, des sortes de mini-burgers, et des bières exotiques. Donc c’était relativement hipster.

C’est amusant ces lieux mumbaikars dans lesquels on a vraiment l’impression d’être nez-à-nez avec une intelligentsia cosmopolite, polyglotte, et bien mise : tout ce glamour qui n’existe plus vraiment à Paris finalement.

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Pow Wow

Les amis de mes amis ici sont pour beaucoup des entrepreneurs sociaux. Bien souvent cette charge vient avec son lot d’idéologie bisounours. Qu’on apprécie les regards reconnaissants d’enfants des rues ne me pose aucun problème. En revanche je ne comprends pas bien le besoin systématique d’exprimer ses sentiments, son ressenti,… Le collectif et l’individu sont sur-valorisés de la même manière, et cette tension constante entre écouter son individualité et vouloir à tous prix la faire partager me semble assez paradoxal.

Quoiqu’il en soit, cette mode conduit à des situations cocasses, et j’étais hier soir témoin d’un flagrant délire amusant.

F. fait des t-shirts en coton organique, produits de manière équitable, etc… Alors qu’il s’apprête à quitter Mumbai où il a vécu trois ans, ses amis ont organisé une fête surprise.

Assez rapidement, il est question de rendre les choses « participatives ». Tout le monde doit s’asseoir par terre façon conseil des sages indiens (d’Amérique). Une amie de F. demande à chacun de raconter un souvenir impliquant l’homme du jour. Elle interpelle X ou Y en insistant pour qu’ils racontent une histoire. Malheureusement la sauce ne prend pas. Et c’est F. lui même qui passera plus d’une bonne heure à raconter ses souvenirs avec chaque personnes présente –qui, elles, somnolent, repues. L’initiatrice du cercle de parole tire la tronche.

Ca ne fonctionne pas à tous les coups.

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