Un collège fou, fou, fou

J’ai récemment entendu parler d’un lycée en Inde, perdu au milieu de nulle part, et où des adolescents des pays du monde entier viennent pour passer trois ans d’études progressistes, libérales, et internationales.

Ca s’appelle UWC pour United World Colleges et c’est un réseau d’une quinzaine d’établissements fondé par un Allemand juif qui voulait que tous les peuples se parlent pour se comprendre. L’idée c’est que ces lycéens deviennent les maîtres du monde – ou des décisionnaires en tous cas.

Je connais 3 diplomés qui ne sont absolument pas dans la politique aujourd’hui – mais passons.

Il n’y a pas de cours normaux – l’idée, tout à fait humaniste, est de laisser plusieurs options créatives (en plus d’un bloc commun qui permet de passer le baccalauréat international).

Un de leur jeune diplomés a fait un petit documentaire sur ce système que je vous encourage vivement à regarder si vous manquez d’espoir dans l’humanité, c’est ici. (warning- c’est hyper niais aussi)

 

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There’s no business like shoe business

Nous partons pour Calcutta aujourd’hui. Je voulais vous montrer quelques images d’un film dont j’ai entendu parler, A Poet, A City & A Footballer. C’est l’histoire vraie d’un réalisateur, Goutam Sen, qui fait une documentaire sur un footballeur indien de Calcutta: PK Banerjee. Sauf que Goutam Sen était malade et il est mort avant la fin du film – il paraît que c’est typiquement bengali, romantique, oriental… Mais impossible de trouver le trailer du film. Communication “romantique” autour du film peut-être?
Vous aurez donc droit à celui d'”In Their Shoes”, un autre documentaire qui va bientôt sortir en Inde. Le réalisateur Atul Sabharwal est revenu à Agra pour comprendre le business de la chaussure – une industrie en danger.

 

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Motivés

Je vous écris en direct d’un Starbucks du quartier de Khar – éternel “nouveau quartier” de Bombay. Devant le café, des chauffeurs attendent adossés à des voitures ni trop chères, ni trop cheap. Sur la terrasse, des jeunes filles filiformes aux cheveux longs jusqu’à la taille et portant beau débriefent les derniers potins en gloussant. A l’intérieur, on dirait presque un espace de coworking: tout le monde a son Mac aligné sur la grande table impression chêne, et son gobelet en carton de soy milk latte. La faune est assez féminine… Sûrement à cause du match de poule Inde-Pakistan de la Coupe du monde de cricket – un évènement sérieusement sensible.

Je vis quant à moi un drame intérieur: le drame du dimanche. Tous les dimanches c’est la même chose. Faut-il partir explorer Bombay? Faut-il ne rien faire du tout? Faut-il en profiter pour mettre ce blog à jour et travailler encore un petit peu? Faut-il se forcer, ou au contraire se laisser aller? Mais, oui, tel Lénine en son temps, je me demande Que faire?

Pour aujourd’hui je crois que la question est réglée ce sera “ne-rien-faire, surtout-ne-rien-faire“. Je ne sais même plus comment je m’appelle après une semaine de pressage de citron particulièrement intensive, alors je vois difficilement comment je pourrais me donner un dernier petit coup de collier pour me lancer dans une analyse diplomatique de ce match de cricket ou de la victoire de l’AAP -opposition- à Delhi.

Mais parfois ce n’est pas aussi clair. Parfois je suis mi-figue mi-raisin, mi-concentrée mi-abrutie… Et la terrible torpeur du dimanche s’installe: à force de freelancer et de devoir décider comment organiser son temps et se contraindre à la plus grande rigueur, le processus de planning ou tout simplement de prise de décision bugue, on perd les pédales dans son rapport au temps et aux priorités – et enfin, pour résumer, on sombre dans la folie.

Pour les jours où vous ne savez plus par quoi commencer, quelques recommandations qui permettent de glander tout en ayant l’impression de ne pas tout à fait perdre son temps:

* J’ai beaucoup aimé ces cinquante-deux minutes de bonne humeur entrepreneuriale et francophile qui donne envie de se lancer dans n’importe quel projet avec ambition:

* Les portraits pros de Garance Doré sont assez chouettes aussi. Surtout si vous avez envie de luxe (rapport à votre vie de clochard de la pige par exemple) et de savoir comment on fait pour déssiner des chaussures et les vendre très cher (on ne sait jamais… Une reconversion?).

Et quand il n’y a pas moyen de se motiver, autant glander à fond:

* Sur le compte instagram de ce street artist assez poétique.

* Pour la glande chafouine, l’insultron.

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Bombay est magique

En ce moment el Moustacho et moi crashons chez un très très gentil Français qui nous prête son penthouse – ceci n’est pas un abus de langage. C’est une vaste demeure qui offre tout le luxe dont des jeunes gens qui passent leur existence à se poser mille questions sur la vanité de la vie et sur comment-faire-pour-devenir-le-maître-du-monde oublieraient presque parfois. Par exemple il y a une télé. Il y a même l’Apple TV dessus. C’est fou.

Il y a une cuisine équipée – avec une turbine à glace même. Et il y a aussi une gigantesque terrasse aménagée – ceci n’est pas un abus de langage bis, qui donne sur un Bombay tout en construction verticale. Le quartier, juste à la frontière entre Khar et Santa Cruz, est plein de ces immeubles assez chics avec garage à deux étages (je ne comprendrai jamais comment fonctionnent ces trucs) et salons immenses.

Bref, je n’ai jamais été aussi productive de ma vie, et c’est peut-être liée au fait que le wifi fonctionne mieux, ou bien que je sais que nous serons bientôt en route pour un voyage de 5 semaines et que je ferais bien de me mettre à plancher sérieusement sur mes projets.

Mais je vous parle de ce décor de palace pour une toute autre raison, il vient de m’y arriver absolument fantastique: sur le toit terrasse d’un immeuble voisin des mecs dressent un décor de mariage indien depuis quelques heures. Ils ont fait les tests de sonos, et ils ont passé la musique de Titanic et évidemment: I Will Always Youuu. La sérénade des temps modernes s’est téléscopée avec le chant d’appel à la prière d’un muezzin. En direct de Bombay, à vous les studios.

 

 

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You know you’re an expat in India when…

Je l’ai fait. Bien avant d’arriver en Inde, je me me moquais déjà de tous ceux qui le faisaient. Je pensais être à l’abri puisque je suis tout à la fois paresseuse, lève-tard, et cérébrale avant tout. Mais le magnétisme irrépréssible d’une discipline millénaire a fini par me piéger.

Je l’avoue: ce matin, je me suis réveillée avant sept heures pour faire du yoga.

Je demande pardon à tous ceux dont j’ai ris.

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Un mariage indien – épisode 2 :

Le lendemain, nouvel exercice social: le brunch. Comment tirer votre épingle du jeu (social) lors du brunch de mariage? 

1/ Portez des lunettes de soleil (en toutes saisons et toutes locations confondues et peu importe votre état, même à Limoges en novembre, pour le brunch de mariage, c’est obligé!)

2/ Sachez distinguer ceux à qui il faudra dire d’un air presque bravache “oh la la qu’est ce que j’ai bu hier soir!” de ceux à qui il faudra dire que vous vous sentez frais comme deux gardons. Pour des raisons qui nous échappent, on peut obtenir l’assentiment de quasi inconnus simplement en identifiant la bonne réponse à donner et l’effet de proximité qu’elle suscitera.

3/ Répétez à l’envi: “ah qu’est ce qu’on est bien à Goa!” Avec toute la béatitude dont vous êtes capables.

Enfin, mon conseil personnel: ne manger pas trop: on va vous gaver toute la journée et vous ne voudriez pas perdre tous les acquis de la préparation physique au mariage.

Vient ensuite le mariage religieux. Le concept c’est que personne, y compris les mariés, ne comprend rien. Nous avions bien une petite note explicative sur nos chaises mais d’après mes observations, l’audience a surtout aimé rouler et dérouler le pseudo-parchemin pendant l’interminable mais époustouflante cérémonie hindouiste. Les cris des amis et les sourires extatiques de certains, le coucher de soleil sur la plage de Betalbatim, les fleurs exotiques toutes ouvertes accrochées à la scène, le regard mi-inquiet mi-fier des parents, et le bruit d’éventail frénétique de votre voisine vous laisse songeur; c’est normal. Ils se disent “oui-pour-la-vie”, et peu importent les gesticulations d’un prêtre ou la part relative de cynisme de chacun, c’est la plupart du temps, et heureusement, bouleversant.

Enfin, le feu sacré et autres formalités derrière vous, on procède à la fête. Dans le cas de ce mariage, les performances des invités sont prévues à ce moment là. La mère danse, en rythme, en costume et en bonne compagnie de copines, sur Abba: c’est bien là où on atteint le sommet de l’émotion.

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Too many dresses

Le train c’était cool : je crois que je maîtrise enfin l’art si particulier du voyageur sur rails en Inde. Tout est dans les boules quiès et la couverture légère mais très chaude. Le reste, c’est de la poésie.

Il y avait un petit souci supplémentaire dans cette épopée de Bombay à Goa : nos bagages. Un mariage indien, en termes logistiques, ce n’est pas une mince affaire. Il y a 4 ou 5 « fonctions », soit autant de tenues, accessoirisées e manière coordonnées. Donc entre les housses des deux costumes d’el Moustacho ma robe de gala qui a presque une traine, et quelques autres kilos de bijoux et de chaussures… j’imagine la terrible vie de gens dont la représentation est le métier comme Kim Kardashian et je comprends mieux pourquoi les malles Vuitton ont encore une véritable utilité en 2015.

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Little boxes

Ce soir je pars pour le sud de l’état de Goa où aura lieu le mariage de l’année. J’ai à peine fini mon déménagement – je quitte l’appartement dans lequel nous habitons depuis 14 mois – un régal d’espace entre la mer d’Arabie et la cathédrale kitsch façon gourmandise rococo de Mount Mary. Je ne sais pas où je vais dormir en rentrant de Goa. Je ne sais pas ce que je vais faire de mon existence après ce mariage à vrai dire… J’ai une petite impression de fin du monde pour ne rien vous cacher.

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Plateau repas

Aujourd’hui pour cause de déménagement, vous n’aurez droit qu’à cette photo prise dans le train pour aller à Delhi en décembre dernier – histoire de se mettre dans l’ambiance, puisque je prends le train demain soir :

Il faut savoir que dans dîner dans un train indien est une expérience fondamentale de la vie dans ce pays. En troisième classe, des mecs passent dans les couloirs à toute heure du jour et de la nuit en proposant des mets dont tu n’es jamais sûr de savoir ce qu’ils sont (veg cutlet par exemple). Dans le train « spécial » pour Delhi en revanche, des serveurs nous ont servi des trucs aussi délicieux que cette soupe de tomate pleine de produits chimiques et épaisse comme de la mélasse pendant une bonne quarantaine de minutes – la glace bicolore m’a rappelée la cantine de l’école primaire, c’était un festin.

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Namaste Obama

Obama a donc passé quelques jours en Inde pour la fête nationale lundi… Et il y a eu du spectacle pour tout le monde.

Narendra Modi le Premier Ministre indien s’est fait remarquer en portant un costume dont le motif était tout simplement son nom (#humilité), mais aussi parce qu’il s’est évertué à “huguer” le Président américain à chaque occasion possible, tentant plusieurs fois de mimer la proximité en l’appelant tout simplement “Barack”.

Les médias indiens s’en sont eux aussi donné à coeur joie:

Obama quant à lui, a bien souligné que pour lui, l’essentiel c’est le lien fort entre la nation indienne et la nation américaine, plus que la “relation personnelle” entre lui et Modi, et a plusieurs fois rappelé à l’Inde sa laïcité… Message reçu?

 

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